Favoriser l’adaptation
Audrey Thauvette, psychoéducatrice
Il nous arrive tous, à un moment ou à un autre, d’être dans la lune, de ne pas être attentifs à ce que nous dit notre interlocuteur, d’oublier un rendez-vous, de répondre impulsivement face à une contrariété, de griffonner durant une réunion ou d’avoir un bureau désorganisé. Or, pour un enfant ayant un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, communément appelé TDAH, ces difficultés font partie du quotidien.
Qu’est-ce que le TDAH ?
Le TDAH, présent chez environ 5% de la population et diagnostiqué majoritairement chez les garçons, est un trouble neurologique qui se caractérise par des manifestations reliées à l’inattention et/ou l’hyperactivité et l’impulsivité. Ces comportements se manifestent dans différents milieux de vie (maison, école, garderie, activité parascolaire) et entravent le fonctionnement personnel, familial, scolaire et social de l’enfant à divers degrés. Dans 50% à 90% du temps, les manifestations du TDAH sont associées à d’autres troubles (comorbidité), tels que le trouble d’opposition avec provocation et le trouble anxieux, ce qui demande une vigilance accrue lors de l’évaluation diagnostique. Voici les critères diagnostiques tels que définis par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-V) :
Inattention
- Ne parvient pas à porter attention aux détails, fait des fautes d’étourderie;
- A du mal à soutenir son attention au travail ou dans les jeux;
- Semble souvent ne pas écouter quand on lui parle;
- Ne se conforme pas aux consignes et ne parvient pas à mener à terme ce qu’il fait;
- A du mal à s’organiser;
- Évite, est en aversion ou fait à contrecœur les tâches qui demandent un effort mental soutenu;
- Perd ses objets;
- Se laisse facilement distraire par des stimuli externes;
- A des oublis fréquents.
Hyperactivité et Impulsivité
- Remue les mains ou les pieds, ou se remue sur son siège;
- Se lève dans des situations où il est supposé rester assis;
- Court ou grimpe partout dans des situations où cela est inapproprié;
- A du mal à se tenir tranquille dans les jeux ou les loisirs;
- Est « sur la brèche » ou agit comme s’il était monté sur ressorts;
- Parle trop;
- Laisse échapper la réponse à une question qui n’est pas encore entièrement posée;
- A du mal à attendre son tour;
- Interrompt les autres ou impose sa présence.
Comment expliquer le TDAH aux enfants ?
Différentes allégories existent pour imager et simplifier la compréhension des enfants. Dans son livre « Mon cerveau a besoin de lunettes », la psychiatre Annick Vincent compare le TDAH à une personne myope ayant besoin de lunettes pour voir. Sans cet outil nécessaire à la vision, le myope ne peut fonctionner au quotidien. Il en va de même pour l’individu inattentif pour qui la médication peut s’avérer essentielle.
Le neuropsychologue Benoît Hammarrenger utilise la métaphore de la Ferrari pour faire comprendre le fonctionnement du cerveau d’une personne inattentive. Au même titre que la Ferrari a besoin de carburant pour offrir des performances hallucinantes grâce à son moteur ultra-puissant, le cerveau de l’enfant atteint de TDAH ne peut démontrer ses capacités extraordinaires pour apprendre et réfléchir sans attention.
La psychologue Ariane Hébert utilise, quant à elle, des associations d’animaux pour distinguer les profils d’enfants ayant un TDAH.
- Le chat-garou: enjoué, espiègle et doux comme un chaton ainsi qu’impulsif, impatient et irritable comme un loup-garou;
- La tortuette: calme, lent et lunatique comme une tortue ainsi que facilement distrait, désorganisé et ayant des oublis comme une girouette;
- La sautabeille: bouge, court et saute comme une sauterelle, et est infatigable, persévérant et travaillant comme une abeille;
- Le poissinge: a une mémoire limitée, des oublis fréquents et semble perdu comme un poisson rouge, mais apprend vite, comprend rapidement et est malin comme un singe.
Stratégies favorisant le bien-être de l’enfant aux prises avec un TDAH lors de la période des devoirs et des leçons
Non seulement la médication atténue les symptômes du TDAH et améliore la vigilance de l’individu, mais elle lui permet également d’être disponible à l’apprentissage des stratégies enseignées pour pallier à ses difficultés. En voici quelques-unes :
Bouger
Les enfants ayant un TDAH ont besoin de bouger pour garder en éveil leur capacité attentionnelle; c’est une question neurologique. Il est donc important de répondre à ce besoin plutôt que d’essayer de l’enrayer.
- Faire du sport (activités sportives, jouer dehors)
- Utiliser un coussin gonflable permettant à l’enfant de trouver son équilibre et favorisant la posture assise
- Diversifier les positions de travail : debout, à genoux ou couché sur le ventre
- S’amuser en étudiant (épeler en sautant ou en lançant une balle)
- Faire des pauses qui bougent (chorégraphie « Just Dance », jogging autour de la maison, jumping jack)
- Manipuler un objet (balle de stress, un objet texturé ou sensoriel, tangle)
Établir des routines
Aidant l’organisation et la planification, les routines sont sécurisantes et rassurantes pour les enfants. Elles tendent également à faire diminuer l’argumentation et la procrastination quant à la période des devoirs. Pour les plus jeunes, pourquoi ne pas créer des routines imagées afin qu’ils s’y réfèrent ?
Éliminer les stimuli dérangeants
Pour maximiser la disponibilité de l’enfant ayant un TDAH, il importe d’avoir un environnement favorable à la période d’étude.
- Éteindre la télévision, la radio, l’ordinateur et la tablette
- Éliminer le matériel superflu qui se trouve sur le bureau pour la période de devoirs et de leçons
- S’installer dans une pièce calme, bien éclairée et à l’écart des personnes et animaux
- Au besoin, diminuer les stimuli auditifs avec des coquilles et les stimuli visuels avec un paravent.
Les moyens proposés dans cet article ne sont pas exhaustifs. N’hésitez pas à consulter un professionnel pour obtenir d’autres stratégies d’intervention. D’ailleurs, dans les écoles, des intervenants compétents sont présents pour soutenir et aider vos enfants à s’épanouir.
Voici un autre article qui saura vous plaire :
Pour en savoir plus et mieux vous outiller :
- Enseignez au suivant
- Le TDA/H raconté aux enfants, par Anne Hébert aux Éditions de Mortagne. 2016
- Mon cerveau a besoin de lunettes : vivre avec l’hyperactivité, par Annick Vincent aux Éditions Québécor. 2010
- TDA/H, la boîte à outils : stratégies et techniques pour gérer le TDA/H, par Anne Hébert aux Éditions de Mortagne. 2015
- www.aqnp.ca