Par Chantale Alvaer, fondatrice SOSprof et enseignante
Les apprenants sont tous différents et nous devons reconnaître nos limites en tant que pédagogues. En effet, il n’est pas toujours évident de cibler avec exactitude les difficultés d’un jeune, que ce soit à l’école ou à la maison.
Tutorat : est-ce le service pédagogique dont l’élève a réellement besoin ?
Tout d’abord, un parent qui appelle pour des services de tutorat ou d’aide aux devoirs va être un parent qui a épuisé toutes ses ressources afin de pouvoir accompagner son jeune au niveau académique. Comme le tuteur est l’intervenant qui travaille de concert avec le jeune et le parent, il va être en mesure de constater, et non pas de poser un diagnostic exhaustif, mais plutôt d’observer les difficultés du jeune et rapidement, reconnaître ses limites par rapport au soutien qu’il va pouvoir offrir à l’élève.
Quand on parle de limites, on fait référence aux difficultés qui peuvent être laborieuses à cerner et qui vont au-delà de la pédagogie, soit relevant de l’orthopédagogie, de l’orthophonie, de la neuropsychologie ou de l’ergothérapie. Bien évidemment, le tuteur étant un professionnel dans son domaine, soit l’enseignement, il ne pourra pas toujours venir en aide au jeune adéquatement, et ce, même en poursuivant les séances sur une période plus étendue, la progression se fera attendre. C’est la raison pour laquelle un tuteur doit être en mesure de bien cerner les besoins particuliers du jeune avec qui il travaille en détectant les indices qui lui laissent présager le fait qu’il aurait besoin de recourir à un autre professionnel de façon complémentaire, par exemple, l’orthopédagogue. Ce dernier pourra élaborer un plan d’intervention contenant des objectifs bien précis. Le PI est crucial pour les élèves qui ont besoin de rééducation, chose que le tuteur n’est pas en mesure d’accomplir. Il pourra toujours travailler de concert avec les autres professionnels.
C’est donc à ce moment, soit en quasi absence de progression, que le tuteur doit lever le drapeau rouge en communiquant ses observations au parent sans plus attendre. Ici, c’est la réussite scolaire qui est en jeu. Un jeune qui éprouve des difficultés ou qui est en échec vit de la stigmatisation, de l’anxiété et il se dévalorise par rapport à ses pairs. De plus, il perd confiance en lui et en ses capacités à réussir dans la vie et il résiste à intégrer la valeur de l’éducation à l’intérieur de lui, vivant constamment des échecs dans ce domaine.
Quand les clients nous appellent, en tant qu’enseignante qui possède un bon bagage d’expérience en adaptation scolaire et en enseignement individualisé, je peux très bien capter les indices dans le discours du parent. Plusieurs détails nous feront questionner le parent sur le fait d’avoir recours à des services plus spécialisés en enseignement. Par exemple, on va poser comme question :
- Est-ce que l’enfant est en échec ?
- Si oui, depuis combien de temps cela dure-t-il ?
- Quelles sont les difficultés qui reviennent tout le temps ?
- Quels sont les commentaires de l’enseignant(e) ?
Un enfant qui est en échec depuis longtemps possède certainement une difficulté sous-jacente qui peut être plus problématique que ce que l’on pense, par exemple, une dyslexie. Plus le parent et les acteurs en milieu scolaire tardent, plus la rééducation sera longue et ardue pour le jeune. D’où la nécessité d’intervenir très rapidement dans la vie éducationnelle de l’enfant. Il m’arrive régulièrement de recommander le parent aux services d’une orthophoniste afin de faire évaluer le jeune. Éventuellement, l’enfant pourra travailler avec le tuteur et un autre professionnel en alternance.
Pour conclure, si on en revient à l’essentiel, soit la réussite scolaire du jeune, nous avons comme devoir en tant que professionnels de l’éducation de référer le jeune et de savoir reconnaître ses limites afin de pouvoir diriger ce dernier vers le service qu’il lui conviendra le mieux.
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