La lecture interactive
Par Karine Boom, orthophoniste
Les habiletés qui doivent être présentes chez un enfant avant l’apprentissage même de la lecture et de l’écriture. La lecture interactive d’histoire pour favoriser le développement de certaines de ces compétences.
Un fait avéré!
Déjà, il y a 26 ans lors de mes études universitaires, on nous l’enseignait. : «Les enfants qui présentent des difficultés de langage (oral) sont à plus haut risque de développer des difficultés en lecture et en écriture». Et la littérature est claire : «… même si leurs difficultés se sont résorbées avant leur entrée en maternelle»*.
Ainsi, lors de l’évaluation en langage écrit, il n’est pas rare que des jeunes de 10 ans et plus présentent des troubles phonologiques résiduels. Exemple, quelques transformations de mots longs qui sont bien ancrées :
«rinoféroce», c’est mignon à 3 ans, mais à 11 ans ?! Parfois les parents sont tellement habitués d’entendre leurs enfants parler d’une certaine façon qu’ils n’ont pas (eu) conscience de confusion évidente. Exemple, cette jeune fille de 10 ans qui assourdissait le phonème /v/. Ainsi, au lieu de dire «devant», elle disait «defant», mais personne ne l’avait remarqué… Même pas l’orthopédagogue, mais chacun son métier !
Prédire les difficultés avant l’apprentissage formel
Langage oral et langage écrit sont liés, mais au-delà de certaines évidences, quelles sont les habiletés dont l’enfant doit disposer pour évoluer de façon harmonieuse dans ce processus d’apprentissage du langage écrit ?
- 6 habiletés prédictives sont relevées et font généralement partie de l’évaluation du langage écrit :
- Les connaissances alphabétiques : identifier les lettres de l’alphabet puis en nommer quelques une.
- La conscience phonologique dont nous vous avons déjà parlé précédemment
- La dénomination rapide de lettres et chiffres, d’objets et de couleurs : nommer le plus vite possible des items connus. Le test DRA fait partie de quelques batteries d’évaluation afin de tester l’accès lexical, car il est reconnu que certains élèves dyslexiques ont un temps de dénomination beaucoup plus long si comparé à une population normale.
- Écrire des lettres et son prénom
- La mémoire phonologique. Exemple : La capacité à répéter des séquences sans sens de 3, 4 et 5 syllabes.
- La connaissance de l’écrit (ex. Les majuscules, les ponctuations…) et le traitement visuel sont d’autres compétences aussi très importantes.
Concernant les habiletés langagières au préscolaire et en maternelle, les éducatrices en milieu de garde ainsi que l’encadrement familial et éducatif jouent un rôle prépondérant en préparant l’enfant à «entrer» dans l’écrit par les activités de stimulation de langage proposées et la qualité des interactions pendant la lecture. Toutes les composantes du langage seront à prioriser, à savoir aussi bien l’aspect phonologique que lexical, que les acquisitions syntaxiques, métacognitives ou pragmatiques du langage. Par exemple, il est reconnu que plus l’enfant a un bon niveau lexical et plus son apprentissage de la lecture sera facilité. En cas de doute, il est donc essentiel de se tourner vers un professionnel reconnu pour son expertise dans le domaine langagier tel que l’orthophoniste.
Après la période d’éveil à l’écrit
Une fois le stade du décodage terminé, d’autres habiletés langagières feront l’objet d’intervention spécifique. En effet, dès le 2e cycle du primaire, l’enfant doit comprendre ce qu’il lit et donc le vocabulaire, vocabulaire littéraire, les structures de phrase plus complexes, l’utilisation d’un langage hors communication réelle, déduire ou inférer des informations, etc. Tous ces éléments sont souvent encore à travailler, mais doivent se préparer bien avant l’entrée au primaire.
La lecture interactive, un moyen de remédier à quelques lacunes
Il s’agit d’un moyen de prévention efficace avant une éventuelle conclusion de trouble d’apprentissage et qui peut être utilisé dès que l’enfant est en âge d’écouter une histoire.
- Faut-il être assis pour lire une histoire?
La lecture interactive permet de mettre en scène une histoire vivante. Il s’agit d’animer l’histoire pour la rendre motivante et libre d’échange. L’adulte ne questionne pas constamment, mais plutôt fait des réflexions à voix haute sur ce qu’il comprend de l’histoire. Véritable activité de stimulation, la lecture du même livre sur plusieurs jours permet de développer :
- Le vocabulaire sous plusieurs aspects. Ex.: On mime, on met le mot dans différents contextes;
- Les habiletés de récit. Ex. On répond aux questions qui, pourquoi, comment, avant, après, puis on reconstruit l’histoire dans nos mots;
- Les capacités d’inférence. Ex.: On dit comment le personnage se sent. On fait des suppositions de l’endroit où il se trouve et on explique ces liens;
- La conscience de l’écrit. Ex. On explique ce que sont ces signes autres que les lettres et à quoi ils servent;
- La conscience phonologique. Ex. On retrouve le son « é » dans les mots dits, les mots qui riment, etc.
L’histoire lue avec cette approche est un moment d’apprentissage riche où toute la complexité du langage oral et écrit peut être dite…
* Les informations présentées ici sont tirées du livre « Difficultés de lecture et d’écriture » M.C. Saint-Pierre V. Dalpé, P. Lefebvre et C. Giroux et de la formation de lecture partagée enrichie de Pascal Lefebvre ainsi que de notre pratique quotidienne avec les enfants.
Le niveau d’instruction est le 3e déterminant de la santé
On peut lire dans Santé Canada : « Les Canadiens qui n’ont pas de bonne capacité de lecture et d’écriture sont les plus exposés au chômage et à la pauvreté. Ils risquent davantage d’avoir une mauvaise santé et de mourir plus tôt que les Canadiens qui maîtrisent la lecture et l’écriture ».
Nous savons que 10 à 15 % des jeunes présentent des difficultés en lecture et en écriture, mais que 5% seulement auront des troubles persistants en lecture/ écriture suite à une intervention appropriée. Dans le contexte actuel, pouvons-nous contribuer à réduire effectivement ce nombre?
Nous savons aussi que les résultats en lecture des jeunes de 1re année sont prédictifs de ceux de la fin du secondaire. Il faut donc agir le plus tôt possible!
Les informations mentionnées ci-dessus proviennent d’un orthophoniste, Pascal Lefebvre qui a à cœur la prévention en lecture/ écriture. Son approche « La lecture interactive enrichie » permet à travers le livre, un contexte authentique, significatif et motivant, de développer 4 objectifs reconnus comme essentiels au développement des capacités en lecture/ écriture.
Orthophoniste depuis plus de 20 ans et souhaitant aider les enfants, parents et éducateurs à développer leur plein potentiel, nous vous proposons des ateliers pour parent-enfant, éducatrice-enfants à partir de 3 ans et jusqu’à 7-8 ans.
Des groupes de 5 ateliers d’une heure sur 5 jours comprenant l’apprentissage de techniques gagnantes vous sont offerts notamment pendant l’été de juillet à la première semaine d’août. Vous pouvez choisir de ne prendre qu’une semaine sur les 5 proposées. Des ateliers sont également offerts durant l’année et selon la demande. Renseignez-vous.
Nous apprendrons donc ensemble les habiletés prédictives du succès en lecture/ écriture que sont (tirés de la formation de Pascal Lefebvre) :
- La conscience de l’écrit : ses conventions, ses codes;
- La conscience pho no lo gi que : syllabes, rimes, sons;
- Le vocabulaire littéraire (ceci comprend aussi les formulations de phrases spécifiques);
- Les inférences de divers types.
Chaque semaine d’atelier coûte 200 dollars par enfant.
Un minimum de 2 enfants par atelier est nécessaire pour que l’activité débute. Celle-ci ne consiste pas en une évaluation et/ ou intervention spécifique en langage écrit.
Nous sommes membres de l’OOAQ. Nos services peuvent donc être remboursés par votre compagnie d’assurance.
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Pour en savoir plus et mieux vous outiller :
Par Karine Boom, orthophoniste (819) 374 2403